jeudi 29 décembre 2011

Salinité dans la région de Berri: suite et fin.


“Every 1 EC increase at Morgan costs South Australia about $110,000 per year in infrastructure damage and lost agricultural production.”
Phil Cole, Salinity Manager, MDBA

Nous habitions pendant une semaine chez Barry Porter qui travaille au Department for Water de Berri depuis une trentaine d’années. Il a pu nous faire part de sa connaissance approfondie des problèmes de salinité dans cette région et nous a fait visiter certains lieux intéressants.

Barry Porter mesurant la salinité de l'eau au Lake Bonney

Le suivi de la salinité 

Barry s’occupe du « monitoring » de la salinité, il s’agit de tous les relevés de terrain sur la qualité de l'eau et le débit de la rivière Murray.
Pour comprendre les mécanismes de la salinisation, il faut avant tout disposer de données fiables et régulières. Pour cela, le Department for Water a mis en place de nombreuses stations de mesure en différents endroit de la rivière. Ces stations fournissent des relevés automatiques et réguliers du niveau de l’eau et de la salinité de la rivière.

Ces stations mesurent la salinité et sont situés à intervalle de 10km le long de la rivière. La première d’entre elles fut installée dès 1985 (photo : Barry Porter).
D’autres techniques de mesure peuvent être employées pour certains sites comme le suivi de la salinité en 3 dimensions.  Cette technique permet un contrôle plus précis des zones d’infiltration d’eau salée.
Suivi de la salinité en 3D à Bookpurnong (Department For Water, 2009).
Cette nouvelle technique permet de remarquer que les flux d’eau salée proviennent du fond de la rivière sur la rive gauche, en contrebas des zones irriguées. Ces résultats confirment donc les modèles hydrologiques.

Les solutions et la situation actuelle


Les moyens mis en œuvre pour réduire la salinité peuvent être apportés à différents niveaux : 
-          Le Murray Darling Bassin Authority : il gère tous les projets et la politique à adopter au niveau du bassin
-          Le gouvernement du South Australia via le Department for Water et les centres de recherche
-          Les associations locales (comme les Local Action Planning Groups)
-          Les agriculteurs
Tous ces acteurs ont permis ensemble d’apporter des solutions globalement efficaces à tous les niveaux. 
L'une des nombreuses pompes installées à Loxton
L’installation d’un système de récupération des eaux de drainage, de pompes et de bassins de stockage a permis une nette diminution du  volume d’eau salée s’infiltrant dans la rivière. Ce système d’interception de sel (Salt Interception Scheme) véhicule l’eau salée ainsi pompée jusque dans de grands bassins où le sel s’y évapore petit à petit. Parfois, l’eau peut être utilisée pour l’aquaculture et le sel peut être commercialisé (par exemple : le sel de table de Pyramid Hill est très réputé) !
Par exemple, au niveau du barrage Lock 4, le système de pompage a réduit de 2000 à 40 tonnes/jour l’infiltration de sel dans la rivière.


Le système de pompage de Bookpurnong a totalement annulé l’aflux de sel dans la rivière entre 2005 (courbe rouge) et 2006 (diagramme noir) (source : Barry Porter, 2009).
Les centres de recherche comme le CSIRO ont permis de comprendre les mécanismes hydrologiques et mènent des projets de réhabilitation de plaines inondables (voir l’article précédent concernant la plaine inondable de Bookpurnong).
Les Local Action Planning Groups mettent en œuvre de leur côté des projets environnementaux. Au niveau du Yatco Lagoon (cliquez ici pour voir la carte), le barrage en amont a modifié le débit de la rivière et a annulé l’alternance sécheresse-inondation, ce qui a entrainé une perte de biodiversité. Les associations de protection de l’environnement locales ont construit un barrage pour recréer les conditions naturelles du débit de la rivière et de ses crues. Ceci a permis une revégétation naturelle de cette plaine inondable.
Enfin, les agriculteurs ont amélioré leurs méthodes d’irrigation et leur gestion de l’eau en général. Nous y reviendrons dans un prochain article !
Graphe de l’évolution de la salinité sur 20 ans entre Lock  5 (barrage en amont) et Lock  2 ( Barry Porter).
Toutes ces actions sont positives et on observe effectivement une réduction  progressive de la salinité depuis une dizaine d’année.
Malgré tout, il convient d’être prudent. La situation semble s’améliorer en effet.  Mais est-ce en partie dû à la sécheresse de ces dernières années qui a réduit le niveau des nappes ?
Les problèmes de salinité sont loin d’être réglés et la région continue à investir de grandes sommes d’argent pour maintenir les systèmes de pompage. Qui plus est, les grands bassins d’évaporation ne sont pas totalement imperméables et laissent échapper eux-aussi une quantité de sel non négligeable dans les nappes.
Nous tendons à penser que les solutions apportées sont peut-être efficaces à court terme mais ne peuvent pas être durables à long terme ! Pendant combien de temps les australiens peuvent-ils supporter financièrement le déploiement toujours plus complexe de systèmes de pompage, les crues artificielles des plaines inondables, l’entretien des bassins de stockage ? Le problème subsiste à sa source et il convient de s’y pencher dans les prochaines années si l’Australie veut demeurer une nation agricole.

Prochain article : Nous partons de Berri pour suivre la rivière et finalement quitter l'Australie Méridionale. Rendez-vous avec le Department of Primary Industries de Dareton en Nouvelle-Galle du Sud!

jeudi 22 décembre 2011

Bookpurnong

Nous avons été conviés par Kate Holland, chercheuse au CSIRO d’Adélaïde, à la suivre lors de sa sortie terrain le 25 et 26 octobre. Nous l’avons donc retrouvée de bonne heure à Berri, et sommes partis pour Bookpurnong.

Plaine inondable de Bookpurnong


Description du site

Bookpurnong est composé de 500 ha de plaines inondables adjacents à 1200 ha d’irrigation.
La végétation de ces plaines inondables est dominée par trois espèces d’arbres : le célèbre River Red Gum (Eucalyptus camaldulensis), le Black Box (Eucalyptus largiflorens) et le River Cooba (Acacia stenophylla).
Le climat est semi-aride avec un long été chaud et hiver doux.
Petit rappel: l’irrigation intensive de cette région semi-aride a entraîné une augmentation de la pression hydraulique et saline de la rivière ainsi que celle des plaines inondables. En effet, l’excès de drainage d’eau d’irrigation a augmenté le niveau de la nappe entrainant une salinisation des sols au niveau des plaines inondables.

La salinisation des sols et le contôle du débit de la rivière, en annulant les crues au niveau des plaines, ont gravement nuit à cet écosystème unique.
Le projet de réhabilitation de Bookpurnong
Un système de captage du sel des eaux souterraines a été mis en place à Bookpurnong. Il est nommé le SIS (Salt Interception Scheme) et est composé de 23 points de contrôle, dont 7 sur les hauteurs et 16 dans les plaines inondables.
Cette étude pilote, réalisée sur les plaines inondables de Bookpurnong, regroupe aussi bien l’étude de l’hydrologie, l'écologie, l'hydrologie et la géophysique. Elle a pour but de réunir les informations importantes sur la réhabilitation des plaines inondables, et ainsi l’appliquer sur un plus grand nombre situées à proximité de la Rivière Murray. Mais surtout, l'objectif est d'évaluer les bénéfices écologiques liés à la création de crues artificielles à court et moyen terme.




Vue d'ensemble du sites et des balises d'observation du site de Bookpurnong ( Department of Water, Land and Biodiversity Conservation, 2009).

La plaine de Bookpurnong est découpée en plusieurs sites sur lesquels se déroulent des expérimentations différentes.
Site A:
Des crues artificielles sont réalisées sur ces 3,7 ha pour améliorer la santé des Eucalyptus Red gum près de la rivière. Le but est d’extraire par lessivage le sel du profil de sol afin de réduire la quantité de sel au niveau des racines pour fournir des conditions favorables à la germination.
Site B :
Induction d’un mouvement latéral d’eau fraiche de la rivière à travers les aquifères (endroit de stockage perméable où l’eau peut circuler et y être stockée) des plaines inondables.
17 balises ont été installées pour observer les eaux de surface et sous terraines au niveau de ses aquifères.
Site D :
Réalisation d’inondations de surface artificielles sur les criques asséchées et observation de la réponse de la végétation.
Site E :
 Injection d’eau fraîche de la rivière dans les aquifères d'une plaine inondable modérément saline et contrôle de la réponse par l’observation de la santé de la végétation (une communauté d'arbres donnée). Cet essai est assez compliqué à mettre en place du fait que son succès dépend de la capacité à injecter un volume d’eau suffisant.

Vous avez tout compris? Parfait! Continuons.

Notre action sur les différents projets en cours 

Nous nous déplacions de site en site en voiture sur des chemins plus ou moins aventureux, puis à pied à la recherche de nos balises. 
-Prélèvement d’échantillons du sol
Durant les deux jours de terrain, un foreur a réalisé les prélèvements d’échantillons de sol au niveau des différentes balises. Son matériel lui permettait de forer jusqu’à 5 mètres de profondeur.
Forage réalisé à coté d'une balise
Les forages étaient réalisés au plus prêt de la balise et à des profondeurs différentes selon la hauteur de la nappe phréatique. Nous prélevions les échantillons dans des bocaux tous les 50cm et réalisions une description (couleur, texture..). .
Par la suite le potentiel osmotique sera mesuré pour étudier la salinité ainsi que le potentiel matriciel pour l’humidité.  
Dr Kate Holland récoltant les échantillons 
 
-Mesure du niveau des nappes phréatiques
Durant le forage, nous réalisions la mesure des eaux souterraines grâce à un capteur sonore mis en place au bout d’un mètre gradué.

-prélèvement de l’eau de la nappe 
A l’aide d’une pompe reliée à un tuyau, nous prélevions l’eau des nappes phréatiques. Nous placions le système à la surface de l’eau puis mettions la pompe en marche. Nous prélevions un litre d’eau une fois qu’elle était devenue claire (entre 10min et 30min), puis l’a laissions reposer ( le temps de réaliser un nouveau prélèvement).

         Installation de la pompe          
Ecoulement de l'eau boueuse les premières minutes    


Nous transférions ensuite une petite quantité d’eau dans des flacons de 20cL, à l’aide d’une seringue munie d’un filtre.
Ces flacons seront analysés pour mesurer la concentration de sel, ainsi que d'autres ions comme le Magnésium et le Potassium.

-Prise des photos à des endroits précis
A l’aide des clichés pris début septembre, où il était précisé le site et le numéro de la balise, nous devions retrouver l’endroit exact de la photo pour en réaliser une similaire, en portrait ou paysage. Ces photos ont pour but d’observer l’évolution de la flore, l’apparition des nouvelles plantules d’Eucalyptus ou les branches cassées, les arbres morts, etc.. en réponse aux différentes expérimentations réalisées sur ce site.



Résultats précédents
Les résultats sont positifs dans l’ensemble, seul le site E, où de l’eau fraiche était injectée, n’a pas eu de réponses concluantes. En effet, une amélioration de la santé des 6 Red Gum testés n'a pas été observée. La seule réponse positive observée s’est déroulée 3 mois après l’injection mais coïncidait avec une grosse averse de pluie.
 
Sol avec peu de structure et très facilement modelable (car fortement sodique) que nous pouvons constater ici avec cette empreinte de kangourou.


Structure plus marquée avec le
début d'une nouvele végétation

Les fissures nous montre un début
de structure avec des traces de sel en surface




Cette étude nous indique qu’il y a une bonne connexion entre la rivière Murray et les aquifères des plaines inondables. Nous pouvons d’ailleurs constater une amélioration de la structure du sol, qui permet une re-végétation. Il faut tout de même noter que ce sol a une bonne structure pour un milieu naturel mais qu’il est inutilisable en tant que sol agricole.

Ces expérimentations vont prochainement être testées sur d’autres plaines inondables. 


Ces deux journées ont été très formatrices pour nous, nous avons beaucoup apprécié d'être sur le terrain en compagnie de chercheurs.

samedi 10 décembre 2011

Salinité dans la région de Berri: mise en contexte


Un paysage contrasté : entre Mallee et Citrus

Dans cette région à la frontière de trois états (South Australia, New South Wales et Victoria), la végétation naturelle est adaptée à un climat plus aride. Les arbres caractéristiques de cette région sont les Mallee, à l’aspect bien différent des majestueux Red Gum toujours présent le long de la rivière.

Le sol sableux et rouge ne semble contenir que très peu d’éléments nutritifs. Et pourtant, cette région est aussi caractérisée par ses énormes exploitations viticoles et arboricoles, largement irriguées et intensives. On passe donc brutalement d’un paysage semi-aride à de larges parcelles de vignes ou de citrus lorsque l’on s’approche de la rivière ou des quelques villes peu peuplées.
La seule vue de ce contraste nous laisse comprendre pourquoi les problèmes de salinité sont si importants dans cette région, et quelle en est son origine.  Je me lance :
L’irrigation intensive de cultures non adaptées au sol et  à un climat semi-aride peut-être ?
Quoiqu’il en soit, ce secteur génère d’importants revenus et il a fallu trouver une solution efficace pour limiter le problème de salinité, quitte à débloquer des fonds colossaux. La principale préoccupation, outre le besoin de préserver un bon rendement agricole, est de minimiser l’écoulement de l’eau salée dans la rivière Murray. C’est pourquoi, le gouvernement et ses acteurs locaux ont mis en place un système complexe de drains, pompes et bassins pour évacuer et stocker les eaux de drainage fortement concentrées en sel.
Le décor est planté. Nous n’avons plus qu’à entrer dans les détails !

Les origines de la salinité 


L’irrigation mène à une augmentation du niveau de la nappe qui finit par se retrouver en surface au niveau des plaines inondables (schéma : Holland, 2010).
Depuis de nombreuses années, plus de 63000 ha d’horticulture et de vignes sont irrigués de façon intensive et presque continue autour de la rivière, du fait des faibles précipitations (300mm.an-1).  Comme je l’ai déjà mentionné dans les précédents articles, l’irrigation mène à une infiltration excessive d’eau jusque dans la nappe. Cette dernière va voir son niveau augmenter et peut se retrouver en surface en rupture de pente. De plus, l’eau souterraine a tendance à se déplacer vers la rivière et ses zones ripariennes. 

Il existe un flux régional de l’eau des nappes, particulièrement salé, vers la rivière Murray. Ceci explique en partie les problèmes de salinité de la rivière Murray et de ses « floodplains » (schéma : Jolly, 2009).
Dans la région, les nappes sont extrêmement salines. A Berri, elle est d’environ 25 000 µS.cm1 ! Ainsi toute remontée de nappe entraine de graves problèmes de salinisation. Pour compléter le tout, les zones de rupture de pente correspondent aux plaines inondables de la rivière Murray, regroupant un écosystème riche. Le sol y est fortement argileux, le sel va donc facilement s’y accumuler.

arbres morts dans le marais de Bookpurnong

Ainsi, l’irrigation intensive entraine de graves problèmes de salinité au niveau de zones particulièrement riches en biodiversité (« key ecological sites »). Et tout ce sel se retrouve dans la rivière, devenant problématique pour l’eau d’irrigation et la santé humaine en aval (lire l’article sur la salinité à Strathalbyn). Le problème est amplifié par la régulation du débit de la rivière, à cause des nombreux barrages. Les crues, permettant de chasser le sel accumulé au niveau des floodplains, sont devenues extrêmement rares. A cela s’ajoute le débit très faible de la rivière qui ne suffit pas à diluer le sel suffisamment.
La situation devint critique dans les années 80, lorsque la plupart des fermes voyaient leurs parcelles menacées par les problèmes de salinité. En 1990, on comptait 500 000 tonnes de sel déversés dans la rivière durant le mois de novembre !

Quantité de sel déversé dans la rivière dans la région de Berri en 2001. Les zones les plus problématiques sont au niveau du marais de Bookpurnong et de Loxton (schéma : Jolly, 2009).
Quelles furent les solutions mises en place ? Ont-elles vraiment été efficaces ? Quelle est la situation actuelle ? Autant de questions auxquelles je vais tenter de répondre à l’article suivant !

mercredi 23 novembre 2011

Kolophon


Pourquoi cette ferme ?
Nous avons été conviés à venir à Kolophon par Barry, qui est un technicien du « Departement of water» à Berri, que nous devions rencontrer le 24 octobre. Nous avons donc choisi d’y séjourner une semaine (du 21au 28) ayant une autre sortie terrain prévue avec des chercheurs du CSIRO d’Adelaide le 25 et 26 octobre.  

La ferme

La propriété est entourée de mallees (petits eucalyptus) avec un sol sableux et rougeâtre (comme dans l’out back australien) et une maison en pierre entièrement réalisée par Barry. La ferme est entièrement biologique et est composée de 240 buissons remplis de câpres qui n’attendent que d’être ramassées, mais aussi d’une nurserie de plant de câpres, d’un potager, d’un verger, d’un jardin aromatique et d’une très jolie petite roseraie.


Barry et Helen

Barry travaille 3 jours par semaine au « département de l’eau » à Berri et consacre le reste de son temps aux finitions des bâtiments de stockage des câpres et aux câpres bien sûr.
Helen s’occupe de la ferme, de tenir leur site internet, chante dans une chorale et mijote des plats délicieux.
Ils ont tous les deux décidé de réaliser une plantation de câpres car ils savaient que les plantes étaient susceptibles de pousser dans des conditions arides et sur un sol relativement pauvre. De plus, c’est une plante qui utilise peu d’eau, c’est donc une culture durable. Leurs câpres ont beaucoup de succès dans la région, certaines ont gagné des médailles et d’autres sont utilisées par les chefs dans leurs meilleurs recettes.
Il ne faut pas oublier Ralph, leur adorable labrador, très bien dressé, toujours prêt à jouer ou manger !!

Notre travail
Nous nous levions vers 6h30-7h00 puis après un bon petit déjeuner nous partions à la cueillette des câpres. Vers 10h, un petit thé, et nous nous arrêtions fréquemment vers 11h30 car les câpres devenaient trop molles pour être ramassées. Après un petit pesage et lavage nous les disposions dans un pot en plastique avec du sel et nous allions aider Helen à la cuisine.


Les loisirs
Lors de notre premier week-end, après avoir été au marché et cueillis nos premières câpres, Barry nous a emmené visiter un petit vignoble des environs « 919 » où nous avons pu déguster toute leur gamme de vins.
Comme je l’ai dit précedement Helen est une très bonne cuisinière, nous avons donc pu, outre savourer ses petits plats, apprendre à confectionner un « fromage » à tartiner réalisé à base de féta et aussi le Pavlova, dessert à base de meringue, crème et fruits !!un délice!!



Voila nous avons une fois de plus adoré le WWOOFing, Barry et Helen étaient très accueillants, nous étions vraiment intégrés à leur vie familiale ; aussi bien aux représentations de la chorale, qu’aux entrainements de Ralph.

Murray Mouth: L'embouchure de la rivière Murray


Après la rencontre avec Michael Cutting, nous en avons profité pour faire un détour au sud pour observer l’embouchure de la rivière Murray. Celle-ci se jette dans l’océan après avoir formé le lac Alexandrina.

carte des lacs et de l'embouchure de la rivière Murray (source: MDBC)

A cause des prélèvements d’eau exagérés et des nombreux barrages, le débit de la rivière Murray est particulièrement faible (réduit à 30% de ce qu’il devrait être).
Ainsi, l’eau de mer s’introduisit de plus en plus au niveau de l’embouchure, remontant jusqu’au lac Alexandrina pour le rendre de plus en plus salé, posant d’énormes problèmes économiques et écologiques. Les autorités ont dû construire une série de barrages pour éviter l’intrusion d’eau de mer.

En 1981, le débit trop faible de la rivière causa un phénomène d’envasement à son embouchure et Murray Mouth finit par être totalement bouchée !
Depuis, l’embouchure est maintenue ouverte artificiellement grâce à un dragage régulier.
petite dédidace à l'ENSAIA...

L'article est bref mais de nombreuses autres notes attendent d'être rédigées alors que nous commençons à accumuler du retard!
Prochaine étape: Berri au bord de la rivière Murray et à la frontières de 3 états (South Australia, New South Wales et Victoria).


lundi 14 novembre 2011

Irrigation et salinité à Strathalbyn, sud de la rivière Murray



Après avoir quitté la ferme de Tobalong tomatoes, il était temps pour nous de commencer notre projet itinérant le long de la rivière Murray.
Ce jour-là (mercredi 19 octobre), nous avions rendez-vous avec Michael Cutting à Strathalbyn, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Murray Bridge.


Michael Cutting est un ingénieur du South Australian Murray Darling Basin Natural Ressource Management Board (agence gouvernementale) spécialisé dans les techniques d’irrigation. Ce fut l’occasion de le suivre sur le terrain pour prendre quelques échantillons d’eau en profondeur au niveau d’une parcelle de vigne qui a été gravement touchée par la sécheresse les années précédentes. Ce travail a pour but de suivre la qualité de l’eau d’irrigation ainsi que la hauteur de la nappe.
Echantillonnage de l’eau de la nappe à 3 profondeurs différentes
cette sonde suit en continu l'humidité du sol et la hauteur de la nappe

Zoom sur la parcelle de vigne 

Dans cette région, au sud de Murray Bridge et jusqu’à l’embouchure de la rivière, les problèmes de salinité concernent surtout l’eau d’irrigation. En effet, la plupart des exploitations utilisent l’eau de la rivière qui est plus concentrée en sels. Les années précédentes, très sèches, l’eau de certains cours d'eau pouvaient monter jusqu’à 3000 EC (rappel : 800 EC, l’eau n’est plus potable) ! La parcelle n’a donc pas été irriguée pendant 4 ans car l’eau d’irrigation était bien trop salée.


L’agriculteur utilise ce bras mort de rivière pour son eau d’irrigation. Remarquez les quelques Red Gum morts à cause de la salinité et les années de sécheresse.

D’où vient le sel ?

La nappe venant des parcelles irriguées, chargée en sel, peut se déverser jusque dans la Murray River. C’est par ailleurs contre ce phénomène que les autorités essayent de lutter tout au long de la rivière (un article vous expliquera ce problème en détail). Ainsi l’eau de la rivière devient de plus en plus salée d’amont en aval.
Augmentation de la salinité de l'eau de la rivière d'amont en aval 
(source : Murray Darling Basin Commission)

Ce problème concerne aussi largement la population d’Adélaide, puisque l’eau de la ville est pompée de Morgan et est véhiculée sur des centaines de km de pipelines. Le but est de ne pas dépasser le seuil fatidique des 800 µS.cm-1 (au-dessus duquel l’eau n’est plus potable, je le répète pour ceux qui n’ont pas suivi).

Quelles solutions mettre en place ?

L’objectif primordial au sein d’une parcelle est de favoriser le bon drainage d’eau en profondeur pour éviter la remontée de la nappe chargée en sel.
De plus, de nouvelles techniques d’irrigation permettent de minimiser toute infiltration d’eau jusque dans la nappe. Mais, chose étonnante : le conseil que donne régulièrement Michael Cutting aux agriculteurs de la région est d’irriguer en hiver, lorsque le sol est le plus humide. Cela permet, à condition que l’eau soit bien drainée en profondeur, de chasser tout excès de sel qui subsiste ponctuellement dans les sols jusque dans la rivière. 
Dans certaines conditions, un excès d’eau dans le sol peut être bénéfique ! Et c’est par le biais de cette méthode que les australiens réduisent petit à petit leurs problèmes de salinité.
« Mais cela doit justement augmenter la salinité de la rivière ? » me diriez-vous !
Mais en hiver, le débit de la rivière Murray est suffisant et sa concentration assez faible pour que cette infiltration volontaire d’eau salée soit bien diluée et ne pose pas de problème. 
Ce fut donc notre première rencontre sur le terrain ! D'autres vont suivre tout au long de la rivière. Prochaine étape: Murray Mouth!

mercredi 26 octobre 2011

Tobalong


Nous voici depuis deux semaines à Tobalong, pour notre première expérience de WWOOFing (Wiling Workers On Organic Farms). Cette ferme, tenue par Graham et Judith, est située sur les berges de la rivière Murray et est spécialisée dans les tomates cerises. 
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons été très bien accueillis par Graham et Judith et aussi par les 3 autres wwoofers déjà présents : Nicole (canadienne), Icy (taïwanaise) et Adrian (suisse). Le lieu est vraiment magnifique, nous dormons dans un cottage sur les hauteurs, nous avons donc une vue splendide sur la rivière et champs aux alentours. Leur maison est située en face d’un lac avec une petite île où les cygnes, ibis, cormorans, canards, oies, pélicans, et autres oiseaux virevoltent toute la journée.


Tous les jours nous commençons à 8h00 et finissons à 14h30 avec une pause goûter à 10h et déjeuner à 12h30. En fin de journée, vers 17h, nous nous alternons pour préparer les légumes de nos délicieux repas, avec Judith, et à 18h beer o’clock suivi du repas.
En début de semaine, généralement, nous élaguons les pieds de tomates pour les aider à faire des belles tomates, et parfois semons différentes sortes de graines dans des petits bacs que nous plaçons ensuite à l’étuve. Evidemment tout cela est ponctué de pleins de petits travaux bricolages, ménage, cuisine (avec la préparation de cauliflower pickles, tomatoes relish), etc..
En fin de semaine nous cueillons les tomates cerises et les empaquetons pour le marché du samedi. Nous préparons également les autres légumes vendus au marché, tels que, les choux, épinards, bouquets de persils..Le marché est un moment très agéable malgrès le fait qu’il faut se lever à 5h du matin !! Il se déroule le samedi matin à Willonga, à 2h de route d’ici, les premiers clients arrivent vers 8h, les tomates cerises ont beaucoup de succès ! les environs sont très jolis, beaucoup de vignes et de collines.



Durant nos après-midi de libres nous pouvons savourer pleinement les ballades dans les environs et surtout, surtout, faire du canoë-kayak sur l’étang à travers les roseaux, jusqu’à atteindre LA rivière Murray, une vraie aventure !!



We arrived at Tobalong two weeks ago for our first WWOOFing experience. Graham and Judith specialize in growing cherry tomatoes at Tobalong.
 The tomato plants grow in the river flats by the banks of the Murray River. When we arrived, we were welcomed by Graham and Judith as well as three other WWOOFers who were already on the farm: Nicole(Canada), Icy (Taiwan) and Adrian (Switzerland). This is a very lovely place. We sleep in a cottage on the sandhill above the river where we have a beautiful view overlooking the river and the surrounding dairy flats.
Their house is located in front of a lake with a small island in the middle. Many varieties of birds including swans, ibis, cormorants, ducks, geese and pelicans fly, fish and swim around the lake.
We begin every day at 8.00 am and finish at 2.30pm with a smoke-oh (coffee break) at 10.00am and a lunch break at 12.30pm. At the end of the day we are rostered to help with  the vegetables at 5.00pm while Judith prepares delicious meals and at 6.00pm it is ‘beer o’clock ‘ followed by the evening meal.





At the beginning of the week we generally prune the tomato plants to help them produce beautiful tomatoes. We help with the sowing of a variety of seeds for the new crop. The seeds are sown in trays and then placed in an incubator for a few days.
Obviously all this is punctuated with a variety of small tasks to do including housework and cooking (preparing the vegetables for cauliflower pickles, tomato relish) etc..
At the end of the week we pick the cherry tomatoes and pack them for the Farmers Market on Saturday. We also pick and pack other vegetables which are sold at the market, such as, cabbages, spinach, parsley, kale…
The Farmers Market is a very pleasant experience, in spite of the fact it is necessary to get up at 5.00am!! It takes place on Saturday mornings at Willunga which is a two hour drive.
The first customers arrive at about 8.00am and the cherry tomatoes are very popular and sell well.
During our free afternoons we can enjoy walking around and especially we can go canoeing on the lake through the reeds and out the channel to the Murray River – a real adventure!