dimanche 19 février 2012

Salinité et irrigation à Mildura


Nous avons rencontré Jeremy Giddings, ingénieur spécialisé en irrigation au Department of Primary Industries de Dareton (proche de Mildura), à la frontière du New South Wales et du Victoria. Il a consacré sa journée à nous expliquer les problématiques de salinité dans la région et nous a montré quelques lieux d’intérêt.
Cet article sera l’occasion d’aborder l’impact de l’agriculture sur la salinité à travers les pratiques d’irrigation.

Un peu d’histoire…


Lorsque les colons européens se sont installés dans la région, ils ont arraché la végétation naturelle pour y implanter des cultures. Les nappes ont vu leur niveau augmenter jusqu’à la surface du simple fait des précipitations. Par la suite, les pratiques d’irrigation utilisant l’eau en excès comme l’irrigation par submersion n’ont pas amélioré la situation. Celles-ci ont nui à la fois à la demande en eau et à l’augmentation des nappes. De sorte qu’en 1982, la plupart des zones de la région avaient leurs nappes à moins d’un mètre de la surface, posant de graves problèmes de salinité.

Schéma simplifié de la situation une dizaine d’année auparavant, sans amélioration des techniques d’irrigation.
L’eau d’irrigation en excès saturait le système de drainage et ainsi la nappe gardait un niveau élevé. L’eau de drainage se retrouvait en grande quantité dans la rivière Murray et dans les lacs qui se concentraient en sel et perdaient leur végétation.

Les actions des agriculteurs :


Depuis, les agriculteurs ont recours à des techniques d’irrigation bien plus précises et localisées comme l’utilisation de goutteurs au niveau des racines. De plus, des drains spéciaux ont été installés à quelques mètres de profondeur pour permettre de chasser tout excès d’eau et ainsi contrôler la profondeur de la nappe. Aussi, Jeremy Giddings organise des stages de sensibilisation et de formation aux agriculteurs pour mieux gérer leur irrigation. Depuis, le taux de recharge de la nappe est passé de 1 à 0,05 ML/ha en dix ans.

La situation actuelle :


A ce niveau du fleuve, suffisamment en amont, il n’y a pas de problèmes de salinité de la rivière (l’eau a une conductivité d’environ 150 µS.cm-1, assez faible). Mais l’irrigation de la région peut contribuer à l’augmentation de la salinité en aval. Ainsi le gouvernement donne des crédits aux différents états pour qu’ils puissent mettre en œuvre des actions pour diminuer les problèmes de salinité. En théorie, si la région met en place des mesures pour une réduction moyenne de 10 µS.cm-1 de la rivière, elle reçoit de l’argent du gouvernement et se voit attribuer un crédit de 8 µS.cm-1. La région garde une marge de flexibilité pour maintenir le développement de son agriculture. Ces mesures permettent donc de réduire progressivement tout excès de salinité, sans pour autant nuire aux activités agricoles.
Après nous être entretenu avec Jéremy Giddings, nous avons visité quelques lieux d’intérêt.



Première étape : une zone d’écoulement des eaux de profondeur au bord de la rivière Murray. De nombreux indices nous montrent que cette zone est fortement salinisée : la végétation est essentiellement constituée de rares buissons, dont les fameux « saltbush » ; le sol est blanchâtre, peu  structuré et craquelé. Malgré les solutions apportées, le problème ne semble pas totalement réglé dans certaines zones.

La région dispose de 6 bassins de stockage d’eau salé qui étaient tous saturés il y a quelques années. Depuis, grâce aux progrès des techniques d’irrigation, leurs niveaux ont bien diminué. Nous en avons visité un (Mourguong Saltwater Disposal Basin).




Après cette journée riche en enseignements, nous décidions de longer la rivière Murray puis de descendre jusqu'à Melbourne quelques jours plus tard.